Visas français contre laissez-passer consulaires : Le paternalisme poussé à l’extrême

L’annonce, mardi 28 septembre 2021, de la baisse drastique du nombre de visas accordés par la France aux ressortissant·e·s du Maroc (-50%), de l’Algérie (-50%) et de la Tunisie (-30%) a suscité de vives réactions et a choqué autant en France que sur le continent africain.

Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont accusés d’un manque de coopération dans la délivrance des laissez-passer, document obligatoire pour mettre en œuvre les décisions d’expulsion du territoire français de leurs ressortissant·e·s dépourvu∙e∙s de documents de voyage et de séjour. Pratique révélatrice de rapports de domination toujours existants envers ces pays, la France semblant vouloir les mettre au pas pour répondre à ses propres exigences et à des enjeux de politique interne dont ils/elles sont étranger·e·s.

La logique du chantage à la migration instaurée par la France, et plus largement à l’échelle européenne, est loin d’être nouvelle. L’Europe et ses États membres cherchent, à tout prix et par tous les moyens, à faciliter l’expulsion des ressortissant·e·s de pays dits tiers en séjour irrégulier sur son territoire. Que ce soit par des mesures incitatives, comme la promesse de facilitation de visas, ou des leviers répressifs présentés dans le nouveau code des visas Schengen et mis en œuvre aujourd’hui par la France, cette logique est devenue une véritable obsession.

Si le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont aujourd’hui les premiers ciblés, qui seront les suivants ? Depuis le début de son mandat, le président Macron s’est efforcé d’augmenter le nombre d’expulsions au travers, notamment, du renforcement de la coopération avec « 7 pays prioritaires (Maroc, Tunisie, Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Guinée et Algérie) en raison de leur importance en matière d’immigration[1] ». S’ils ne coopèrent pas, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali et le Sénégal pourraient donc être les prochains à se voir asséner un « coup de bâton ». Quelles seront les conséquences de cette politique sur ces populations en France, ainsi que sur leurs familles et leurs proches, et plus largement, sur les populations dans les pays d’origine ?

Dans les faits, la baisse des octrois de visas par an pourrait être beaucoup plus importante que celle annoncée par le porte-parole du gouvernement français. En effet, la France se base sur les chiffres de l’année 2020 pour déterminer le nombre de visas qui seront réellement accordés à la suite de cette décision. Or, l’année 2020 a été lourdement impactée par la pandémie de la Covid-19 et il n’est plus nécessaire de rappeler l’impact de cette crise sur les déplacements à l’international avec de nombreuses frontières fermées et des restrictions à la mobilité lourdes liées au contexte sanitaire. Le nombre de visas demandés et délivrés par la France en 2020 étant déjà très faible, la baisse à venir pourrait donc être plus proche de -85,75% pour le Maroc, de -86,65% pour l’Algérie et -76,26% pour la Tunisie[2] en prenant 2019 pour année de référence.

Pour tou·te·s ces ressortissant·e·s, faire une demande de visa Schengen constitue d’ores et déjà un véritable parcours du combattant avec des conditions pratiquement impossibles à remplir et des pratiques discriminatoires. Le Collectif Loujna-Tounkaranké déplore ce type de décision dont la mise en œuvre ne pourra déboucher que sur de nouveaux drames humains sur les routes migratoires empruntées par celles et ceux qui n’ont pas d’autres choix.

Contact : loujna.tounkaranke@gmail.com

[1] https://www.senat.fr/questions/base/2020/qSEQ200616786.html

[2] https://www.yabiladi.com/articles/details/115675/algerie-maroc-tunisie-reduction-drastique-visas-francais.html

LA MISE EN ŒUVRE DU FONDS FIDUCIAIRE D’URGENCE AU MALI, NIGER ET SÉNÉGAL

La Cimade et le collectif Loujna-Tounkaranké publie une note d’analyse : La mise en œuvre du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique au Mali, Niger et Sénégal : outil de développement ou de contrôle des migrations ?

Cette note  d’analyse actualise le rapport conjoint « Chronique d’un chantage », publié  en 2017 avec le collectif Loujna-Tounkaranké et le réseau euro-africain Migreurop,  qui dénonçait l’utilisation politique du FFU.

Le fonds fiduciaire d’urgence en faveur  de la stabilité et de la lutte contre  les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (FFU)  de l’Union européenne (UE) a été  créé lors du Sommet UE-Afrique sur  les migrations de la Valette (Malte)  en 2015 en réaction à l’augmentation  des arrivées de personnes migrantes sur  les côtes européennes.

Les informations ont  été collectées et des entretiens menés  avec des acteurs de mise en œuvre  dans ces trois pays.

La Cimade, l’Association malienne des expulsés (AME), Alternative espaces citoyens Niger (AEC) et le Réseau migration et développement du Sénégal (REMIDEV) travaillent depuis de nombreuses années  sur la coopération UE-Afrique en matière migratoire et ont choisi les projets en fonction de la pertinence des thématiques et des données disponibles. Certains projets ont dû être écartés (projets régionaux, projets liés à la coopération policière et militaire) par manque d’accès à l’information.

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Pour aller plus loin:

Analyse détaillé de la mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence de l’UE au Mali 

Analyse détaillé de la mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence de l’UE au Niger

Rapport d’observation – Axes Abidjan-Pogo et Zégoua-Bamako : La liberté de circulation en souffrance

Le collectif Loujna-Tounkaranké, la CSCI (Côte d’Ivoire) et l’AME (Mali) publient un rapport d’observation sur les axes Abidjan-Pogo et Zégoua-Bamako sur la situation des personnes étrangères. Le rapport détaille comment la libre-circulation, garantie par le Protocole relatif à la libre de circulation des personnes dans l’espace CEDEAO, est mise à mal à cette frontière Mali-RCI.

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Rapport d’observation – Axe Rosso-Nouakchott : des mobilités en danger

Le collectif Loujna-Tounkaranké, dont La Cimade est membre et association co-coordinatrice, publie un rapport d’observation conjointe réalisée par l’AMDH (Mauritanie) et le REMIDEV (Sénégal) à la frontière sénégalo-mauritanienne en 2016.

Ce rapport intitulé Axe Rosso-Nouakchott : des mobilités en danger met en lumière les entraves à la mobilité et les abus sont victimes les personnes migrantes et étrangères en Mauritanie, lors du point de passage de la frontière, ou lors d’expulsions, malgré l’accord de libre-circulation en vigueur entre la Mauritanie et l’espace Cedeao.

Rapport Mauritanie-Sénégal 2017

Coopération UE-Afrique en matière de migration : l’externalisation en marche

L’Union européenne a multiplié les instruments politiques et financiers de coopération avec l’Afrique pour lutter contre les migrations « irrégulières » vers l’Europe. Elle délocalise les contrôles, sous-traite la « gestion » des migrations. C’est ce qu’on appelle l’externalisation des politiques migratoires européennes.

Le 18 novembre 2017, les institutions européennes ont présenté le projet de budget de l’Union européenne (UE) pour l’année 2018 [1]. Ce budget révèle les priorités de la Commission européenne, et montre ainsi la volonté de l’UE depuis 2015 de consacrer une part de plus en plus importante de ses fonds aux migrations. 4,1 milliards d’euros seraient ainsi destinés à « gérer les migrations et à relever les défis en matière de sécurité » annoncés par un communiqué de presse de l’UE comme une priorité aux côtés de l’emploi des jeunes ainsi que la croissance et les investissements. Le fait que les questions relatives aux migrations et celles relatives à la sécurité sont présentées dans un même budget, révèle aussi la perception sécuritaire des migrations. Selon la Commission européenne, le financement pour ces domaines politiques atteindra un montant sans précédent de 22 milliards d’euros sur la période 2015-2018.

Depuis 2015 et la mal nommée « crise des migrants », l’UE a en effet multiplié les instruments politiques et financiers de coopération avec les pays non membres, afin de lutter contre les migrations « irrégulières » vers l’Europe. Face à l’arrivée sur les côtes européennes de plus d’un million de personnes fuyant pour la plupart la guerre et la persécution[2], et aux milliers de personnes décédées ou portées disparues en Méditerranée[3], l’UE a en effet préféré la fermeture de ses frontières aux mesures de protection et de sauvetage. Les objectifs poursuivis : contenir loin des frontières européennes les personnes migrantes, grâce au renforcement des contrôles et à la collaboration des pays d’origine et de transit, et renvoyer ceux en situation irrégulière sur le territoire européen.
L’UE cherche ainsi à délocaliser les contrôles dans les pays de départ et de transit et à sous-traiter à ces États la « gestion » des migrations. C’est ce qu’on appelle l’externalisation des politiques migratoires européennes. Pour mettre en œuvre cette politique, l’UE propose des contreparties aux pays tiers, conditionnées à leur collaboration dans la limitation des départs vers l’Europe et le retour forcé de leurs ressortissants. Progressivement, elle a étendu cette conditionnalité à l’ensemble des domaines de coopération (économique, commercial, politique ou militaire), y compris l’aide au développement. Il est ainsi devenu impossible pour ces pays de collaborer avec l’UE dans quelques domaines que ce soit sans aborder la question des migrations.

Cette politique n’est pas nouvelle mais s’est considérablement développée depuis 2015 avec une multiplication des instruments de coopération sur les migrations et de nouveaux financements européens souvent difficiles à décrypter tant sur leurs objectifs que sur leurs montants. Parmi les instruments clés : l’agenda européen en matière de migration de mai 2015, qui prévoit ainsi d’utiliser la coopération avec les pays non-membres et l’aide au développement pour « réduire les incitations à la migration irrégulière », ainsi que la possibilité pour l’UE de « faire usage de tous les moyens de pression et de toutes les incitations dont elle dispose » afin d’obliger ces États à accepter l’expulsion de leurs ressortissants. Sous couvert de réduction de la pauvreté, le sommet euro africain de La Valette (Malte) sur la migration de novembre 2015 développe « conjointement » avec les pays africains cette même logique[4] et prévoit la création d’un instrument financier : le fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique. Son budget de 1,8 milliards d’euros a été porté à 2,8 milliards en 2016. Il cible 26 pays et vise à réduire les migrations vers l’Europe en agissant sur leurs « causes profondes » et le développement. 93 % de ce budget provient de la réaffectation d’autres fonds européens, dont 78 % du fond européen de développement (FED) [5].

À l’œuvre depuis le début des années 2000, cette politique a surtout provoqué des changements continuels des routes empruntées par les personnes migrantes. Là où une voie se ferme, une autre s’ouvre, souvent plus dangereuse. Elle n’a produit à ce jour aucun effet sur les arrivées en Europe qui n’ont nullement baissé[6] (sauf de manière très temporaire et localisée). Elle a en revanche contribué à mettre de plus en plus en danger les personnes migrantes.

Pour en savoir plus

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[1] Commission européenne, « Budget de l’UE pour 2018 : emploi, investissements, défis migratoire et sécurité », 18 novembre 2017.

[2] UNHCR, « Nationality of arrivals to Greece, Italy and Spain. January 2015 – March 2016 ».

[3] 3 771 personnes en 2015 et 5 022 en 2016 : UNHCR, « Mediterranean, dead and missing at sea. January 2015 – 31 December 2016 ».

[4] Sommet de La Valette, Plan d’action, 2015.

[5] Commission européenne, « Member States and other donors pledges, and UE contributions to EUTF for Africa », 19 juillet 2017.

[6] Cf. rapports annuels de l’Agence Frontex de 2009 à 2016.

Photographie : Après un sauvetage, arrivée de l’Aquarius dans le port de Pozzallo en Sicile, octobre 2017. © Anthony Jean

Ceuta et Melilla, centres de tri à ciel ouvert aux portes de l’Afrique

Ce rapport a été élaboré par le GADEM (Maroc), la Cimade (France), l’APDHA (Espagne) et Migreurop (réseau euro-africain), sur la base d’informations collectées notamment lors de missions de terrain menées en 2015 aux frontières de Ceuta et Melilla.

Cette publication intervient dans un contexte caractérisé par l’intensification de la répression à l’encontre des Noir·e·s non-ressortissant·e·s au nord du Maroc, qui remet en question les efforts réalisés dans le cadre la nouvelle politique migratoire. Des descentes des forces de sécurité ont lieu quotidiennement dans les quartiers de Tanger où vivent des Noir·e·s non-ressortissant·e·s et dans les forêts autour de Fnideq et de Nador. Ces opérations souvent violentes se soldent par des arrestations collectives suivies de déplacements forcés vers la ville de Tiznit. Récemment, des blocages d’activités d’organisations humanitaires intervenant auprès des personnes vivant en forêt ont également été dénoncés.

Ces actions illustrent la « magnifique collaboration » (Jorge Fernandez Diaz, ministre espagnol de l’Intérieur) des autorités marocaines avec les autorités espagnoles dans la gestion des frontières, qu’analyse justement le rapport. Renforcement des dispositifs de contrôle des frontières, coopération dans les « refoulements à chaud » depuis Ceuta et Melilla vers le Maroc, contrôle de l’accès aux bureaux d’asile espagnols ouverts aux frontières des deux enclaves : ces pratiques permettent de bloquer le passage des personnes originaires d’Afrique subsaharienne et de réguler celui des personnes originaires de Syrie, permettant ainsi à l’Etat espagnol de faire de Ceuta et Melilla, des zones de tri des candidat-e-s à l’immigration, en amont du territoire européen.

Introduction du rapport

Les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées sur la côte méditerranéenne du Maroc, forment les seules frontières terrestres euro-africaines. En cela, elles constituent depuis longtemps des zones d’attention particulière quant aux politiques migratoires visant à freiner les mouvements de personnes allant vers les pays de l’Union européenne (UE). C’est au début des années 1990, que les premières personnes originaires d’Afrique subsaharienne tentent d’aller en Europe en franchissant la frontière entre le Maroc et les villes de Ceuta et Melilla. Cela correspond à la période de mise en place de la politique de généralisation des visas et donc de difficultés croissantes pour se rendre légalement sur le territoire européen.

Pour tenter d’endiguer ces mouvements, l’Etat espagnol va progressivement élever des barrières de plus en plus hautes et augmenter les moyens de contrôle de cette frontière.

Dix ans après les évènements meurtriers de Ceuta et Melilla de 2005 – où des tirs à balles réelles de part et d’autre de la frontière ont ôté la vie d’au moins onze personnes qui tentaient de franchir les barrières entourant ces enclaves et blessé des centaines d’autres – la zone de Melilla-Nador (ville voisine marocaine) continue d’être le théâtre de violations permanentes des droits fondamentaux des personnes en migration, en particulier d’origine subsaharienne. Une zone où les membres des forces de l’ordre marocaines et espagnoles semblent bénéficier d’une impunité dans la mise en œuvre pratique des politiques de lutte contre les migrations irrégulières.

Dans ce rapport sont décrites et analysées les actualités, aussi inquiétantes qu’emblématiques, d’une orientation plus globale que prennent aujourd’hui les politiques migratoires de l’UE, et de certains de ses Etats membres. Des politiques incitant au tri des « bons réfugiés » et des « mauvais migrants », favorisant toujours les pratiques de refoulement, d’expulsion et d’enfermement au détriment de l’accueil des personnes. Ceuta et Melilla constituent en cela de véritables laboratoires de la lutte contre les migrations irrégulières vers l’UE.

Ce rapport vise à mieux comprendre la coopération bilatérale entre l’Espagne et le Maroc dans la gestion de la frontière euro-africaine. Il entend également analyser les modalités par lesquelles l’UE et ses Etats membres rendent pérenne l’externalisation du contrôle de ses frontières au Maroc. Il tente aussi de montrer le rôle central des enclaves espagnoles dans les politiques de tri des candidat-e-s à l’immigration vers l’Europe. Enfin, il s’agit, à travers tout le rapport, de faire ressortir les conséquences sur les personnes ciblées par ces politiques.

Lire le rapport sur le site du GADEM

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Situation des migrants dans le sud du Maroc

Mission d’observation conjointe – GADEM, ALECMA, CCSM et Mission catholique de Nouadhibou
Septembre 2014


Cette mission est née de la volonté des associations impliquées – le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM), l’Association lumière sur l’émigration clandestine au Maghreb (ALECMA), le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc (CCSM) et la Mission catholique de Nouadhibou – de documenter la situation et les violations des droits des migrants dans la région sud du Maroc.

En effet, très peu d’informations sont relayées, sauf sporadiquement, concernant des migrants bloqués à la frontière mauritanienne lors de refoulements ou de départs volontaires vers la Mauritanie.

En janvier 2014, le lancement sur tout le territoire marocain de l’opération exceptionnelle de régularisation des étrangers en situation administrative irrégulière a justifié le second objectif de la mission qui consiste en l’évaluation et le monitoring de cette action.

Cette mission intervient aussi un an après l’annonce par le chef de l’État de la mise en œuvre d’une nouvelle politique migratoire suivant les recommandations présentées par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH).
Ce changement de cap du gouvernement a eu un certain nombre de répercussions sur la situation des migrants, par exemple l’arrêt des rafles et refoulements aux frontières algériennes et mauritaniennes. Cependant, la répression contre les migrants dans la région nord, notamment dans les zones frontalières près des présides de Sebta et de Melilla, et dans la ville de Tanger, en particulier le quartier de Boukhalef, s’est poursuivie durant toute cette période. Cette répression s’est accompagnée de discriminations et d’agressions racistes avec, entre-autre, le meurtre d’un jeune étudiant sénégalais égorgé à son domicile le 30 août 2014.

C’est dans ce contexte que la mission conjointe d’observation de la situation des migrants dans le Sud du Maroc a été réalisée du 07 au 13 septembre 2014 dans les villes de Dakhla (du 7 au 10 septembre), Boujdour (10 septembre) et Laâyoune (du 11 au 13 septembre). Cette mission s’inscrit dans le cadre du projet régional « Loujna Tounkaranké – protection et accès aux droits des migrants » dont le GADEM et la Mission catholique de Nouadhibou sont partenaires.

Le présent rapport a été élaboré suite à cette mission et les informations collectées qui l’ont alimenté proviennent des entretiens menés auprès d’acteurs de la société civile locale, des commissions régionales des droits de l’Homme (CRDH) et des bureaux des étrangers de Dakhla et Laâyoune, ainsi que de migrants résidents dans les trois villes ciblées. Des entretiens ont été menés majoritairement auprès de ressortissants mauritaniens et sénégalais, ce qui semble être représentatif de la population étrangère de Laâyoune, Dakhla et Boujdour d’après la CRDH de Dakhla. La plupart travaille (conserverie de poissons, hôtellerie et commerce ambulant) et réside régulièrement au Maroc depuis les années 2000, voire depuis plus longtemps. Le profil même des migrants rencontrés met en évidence la différence de réalité quotidienne qu’ils vivent, comparée à celle vécue par les migrants près de la frontière dans le Nord par exemple ou dans d’autres villes du Maroc.

Le présent rapport tend à faire un état des lieux du respect du cadre juridique relatif au statut des étrangers ; de l’accès aux droits fondamentaux ; des discriminations et actes racistes subis par les migrants ; ainsi que de l’opération exceptionnelle de régularisation. Pour finir, les auteurs ont tenu à faire des recommandations basées sur leurs observations de terrain et adressées aux autorités marocaines en charge des questions migratoires et de l’opération de régularisation.

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Lire le rapport sur le site du GADEM

Fil d’actualité #5 – Octobre 2014

Dans ce numéro spécial :

Une campagne régionale pour la libre circulation dans l’espace cedeao

Point de vue

De part et d’autre d’une frontière africaine, Samir Abi, Vision solidaire (Togo)
Sensibilisation des parlementaires et des décideurs, un premier bilan, Tcherno Hamadou Boulama

Rencontres

Sénégal – Moustapha Kémal Kébé, RE.MI.DEV
Niger – Ali Seydou, ANDDH
Mali – Ousmane Diarra, AME

Pleins feux : À la rencontre des populations et des voyageurs

Sénégal – Une caravane de Dakar à la frontière gambienne
Niger – Une journée de mobilisation contre les tracasseries routières
Côte d’Ivoire – L’engagement de la CSCI : faire de la mobilité un droit pour tous

Informations

Les limites des textes et de leur application p.3 Quelques chiffres sur les tracasseries routières

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Le fil d’actualité #4 – Décembre 2013

Dans ce numéro :

De Lampedusa au désert du Sahara : les frontières tuent

Actualités : De Lampedusa au désert du Sahara

Niger – Après l’Odysée tragique dans le Sahara
Canal de Sicile : La guerre aux boats-people continue entre tirs des milices libyennes et manque de responsabilité des secours européens

Pleins feux : Maroc

Un tournant historique ? p.4 Interview d’Hicham rachidi du GADEM
Des barbelés pour empêcher les migrants de passer

Rencontres : Mauritanie

Interview de grégoire Aimé Cheuko de la mission catholique de Nouadhibou
Rencontre avec Amadou Sarr et Amadou Mbow de l’association mauritanienne des droits de l’homme

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NIGER – AEC : La migration vue par la presse nigérienne

Alternatives espaces citoyens

La migration vue par la presse nigérienne.

La migration est un sujet peu présent dans la presse écrite nigérienne. On ne retrouve presque pas de rubrique qui lui est consacrée dans les journaux. Cette thématique est abordée au gré de l’actualité : mise à mort de Nigériens en Libye (2010) ; drames de migrants dans la mer ou le désert relayés par les agences de presse ou certains médias dominants du Nord ; crise libyenne (2011) ; à l’occasion des visites officielles des autorités nigériennes dans certains pays ; compte rendu de certaines activités (séminaires, ateliers sur la migration, etc.) publiques organisées par l’Etat ou la société civile. Les articles de réflexion sur le phénomène de la migration au Niger ou dans la région sahélienne sont extrêmement rares. L’essentiel des publications consacrées à ce thème sont des comptes-rendus factuels et commentaires.

Un des constats que révèle cette étude est le fait que les journaux monitorés relaient quelque fois, sans interroger, certains messages négatifs, rendant souvent le migrant responsable de son sort (cas de la campagne du projet NIGERIMM, 2011). Ces médias ne construisent pas par contre un discours propre qui véhicule une image dévalorisante des migrants et de la migration.
Le contenu de cette production médiatique est lié en partie à la méconnaissance du sujet par les journalistes nigériens. Certes, la migration en tant que phénomène de société n’est pas méconnue du public et des animateurs des médias ; toutefois, ils sont peu au fait des enjeux de la migration, de ses conséquences politiques et économiques ; des problèmes spécifiques qu’elle engendre dans les pays d’accueil et de transit, des fortes pressions de l’Union européenne sur ses partenaires d’Afrique afin de les amener à « endiguer » les flux migratoires, etc.

Depuis 2011 et notamment le déclenchement de la crise libyenne, on constate un intérêt des journalistes locaux à évoquer la situation des migrants et ressortissants de pays africains coincés entre deux feux en Jamahiriya arabe libyenne. Les articles parlent d’eux comme des victimes collatérales du conflit, des « frères en détresse » sur les routes, des « compatriotes abandonnés » à leur sort par leurs Etats d’origines.

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